Première partie
Organisateur
AGDL
You can only detect a whiff of an accent shimmering through when you listen to Obél singing her heart melting new song “Just So”. Anyone aware of Emiliana Torrini or Stina Nordenstam will be familiar with this particular sound of this accent. The voice that you can hear gracing Telekom’s new TV campaign strikes you gentle and brooding, yet at the same time it sounds so powerful and enthralling.
The 28-year-old singer, songwriter and musician Agnes Obel, who goes by her last name when it comes to music, once left her Danish home town of Copenhagen to put down roots in the creative German capital of Berlin. She wanted to get inspired by Berlin’s exciting hustle and bustle since she felt she needed more than Copenhagen could offer.
The opportunity to musically color the Telekom commercials was initiated by a Dutch agency, who discovered Obel’s music on Myspace. It isn’t surprising that the agency felt enthusiastic about Obel’s songwriting and autonomy. By her own hands she writes and, composes, sings and produces – but not in one of the many reputable recording studios colonising Berlin. Her single « Just So » sounds just as endearing and intimate as its point of origin – namely Obél’s bedroom. » It was an attempt to describe the situation of not wanting to face the day outside, something very simple and common, something we all know and yet something so very difficult to describe and share with other people ».
It was in her childhood years that Obel discovered the piano and also made her first steps as a composer. « I started learning how to play classical piano when i was a little kid. Back then, my parents were listening to very different kinds of music, my father mostly jazz while my mother heard stoff like Lauri Anderson and Talking Heads. An artist that made quite an impact on me at that time was the Swedish jazz pianist Jan Johansson, who played traditional European folk tunes via jazz. I guess this is how I discovered folk music. » Artists such as Bob Dylan, Nick Drake and Tori Amos also left their musical marks on Obel.
Still being a teenager, she got together with Danish musician and producer Elton Theander and started the band, Sohio. Together they wrote songs and produced for other acts. »It was at a time where i was singing a lot of choir for very different acts and i remember people kept on telling me that i sounded like Kate Bush. Since that time, I mostly stick to the lower tones. I love Kate Bush but I felt like my project was of a very different character ».
Agnes will release a first EP in May 2010.
Her debut album will be released in GAS in September 2010 through PIAS and worldwide in October 2010.
It will include the song „Just So“, which was already released as a single in February 2009 and stayed in the German charts (#44 – #85) for 9 weeks.
www.obelmusic.com
1ere partie : James Vincent Mcmorrow
Faites écouter “Just So” à n’importe qui en Allemagne et il vous dira que c’est la musique de la pub pour la chaîne de télévision de Deutsche Telekom. Ce qui est exact. Le genre de coup de projecteur pour lequel bien des artistes seraient prêts à donner leur vie. Enfin, pas littéralement, bien sûr. Ou le genre de publicité à propos de laquelle un esprit indépendant pourrait se tourmenter, puisqu’il s’agit de s’aventurer dans l’arène commerciale.
On ne peut pas s’empêcher de penser qu’Agnes Obel ne va pas se prendre la tête pour quelque chose d’aussi peu important, comparé à des problèmes bien plus graves, que le placement d’une de ses chansons dans une pub. Pourtant, n’est-il pas fascinant de voir à quel point quelques mesures de musique peuvent s’infiltrer dans notre conscience et nous pousser à nous demander sans fin d’où elles viennent ?
Ce monde facebooké qui est le nôtre nous donne l’illusion de faire la connaissance de gens que nous ne connaissons pas vraiment. Qui sont leurs amis et ce qu’ils aiment. Agnes Caroline Thaarup Obel aime Alfred Erik Lesley Satie et Sonic Youth. Debussy et Dylan. Hitchcock et PJ Harvey. Mais ce que quelqu’un aime n’est pas nécessairement la même chose que ce qu’il – ou elle – est. Des indices, peut-être, mais comme le savent très bien les fans de Hitchcock, les indices ne vous mènent pas toujours là où vous pensiez qu’ils vous conduiraient.
Concentrons-nous donc sur les faits. Agnes Obel vient de Copenhague mais vit à Berlin. Elle a étudié à l’Université de Roskilde, ville célèbre pour son festival de musique au style proche de celui de Glastonbury et qui abrite un merveilleux musée de vaisseaux vikings. Elle possède un don rare, une voix d’oiseau chanteur, et s’apprête à sortir son premier album.
Puis, comme tout bon détective, nous étudions la photographie. Le hibou et Agnes. Sauf que leur regard vigilant donne l’impression que ce sont eux qui nous regardent, plutôt que le contraire. Saviez-vous que les yeux d’un grand-duc d’Europe ne bougent pas, mais que par contre ce hibou peut tourner la tête en décrivant un arc de trois quarts de cercle sans bouger son corps ? Agnes, en attendant, vraiment superbe, ressemble un peu à Liv Ullmann dans Persona de Bergman, ou à Tippi Hedren déguisée en une Marnie pleine d’assurance plutôt qu’à son personnage catatonique des Oiseaux. Elle apparaît parfaitement équilibrée aux côtés du grand-duc, tous deux protégeant mutuellement leur fière sérénité. Un indice nous dévisageant, et soulevant pourtant plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
Alors nous écoutons.
“I walk to the borders on my own
To fall in the water just like a stone
Chilled to the marrow in them bones
Why do I go here all alone”
« Je marche seule vers le bord
Pour tomber à l’eau comme une pierre
Transie jusqu’à la moelle
Pourquoi suis-je venue ici toute seule »
Evoquant comme par magie le “Camping Next To Water” de Badly Drawn Boy, la chanson “Riverside”, faisant suite à l’instrumental “Falling Catching”, nous entraîne plus profond dans le monde d’Agnes Obel. Non contente de rester assise en contemplation sur la rive, elle se fond dans le courant, dans la qualité translucide de la lumière du soleil sur le ruisseau, dans la douceur des galets, dans le chant de la nature. Une idylle pastorale dans un superbe isolement, le sentiment d’une conscience plus grande qu’elle conserve à son retour en ville :
“Streetlights dancing in the dark, across the park
Guess i just hear every sound on the ground”
« Réverbères dansant dans l’obscurité, à travers le parc
Je suppose que j’entends simplement chaque son sur le sol »
Eliminez le bruit, écoutez la musique. On pense à Pascal Comelade, avec ses haïkus au piano d’une précision tellement convaincante, tandis que le chant d’Agnes évoque parfois Rickie Lee Jones sur “Pop”, moins plaintif que celui de certaines de ses collègues sirènes scandinaves comme Nina Kinert, Stina Nordenstam ou Ane Brun. Elle possède une telle aisance qu’elle échappe avec élégance au cliché singer-songwriter, en étant beaucoup plus que ça.
“Je ne me vois pas comme une chanteuse qui joue du piano. Ça me semble toujours bizarre quand les gens parlent de moi comme une chanteuse, parce que, pour moi, c’est secondaire, moins important que la musique. Les chansons et les mélodies sont ce qui prime pour moi. Mais je ne sais pas trop comment vous appelleriez ça…”
Non, nous non plus. Mais une fois de plus, pourquoi toujours vouloir donner un nom à tout ?
Pourtant, il est tentant de demander, est-ce que l’un vient avant l’autre ? Les touches du piano ou les cordes vocales ?
“Et bien, le piano et le chant sont à égalité pour moi – peut-être pas inséparables mais très liés. On peut dire qu’ils sont comme deux voix tout aussi importantes, l’une peut accompagner l’autre et vice versa. Je ne vois aucune hiérarchie dans cette relation. Je les utilise toutes les deux, quand j’écris des chansons et que je compose des mélodies. Parfois j’échange l’une avec l’autre, le rôle du piano devient celui de la voix, ou bien je les laisse se répondre, ou simplement se suivre, comme si elles ne faisaient qu’une.”
Au milieu de ses propres compositions, une version du “(I Keep a) Close Watch” de John Cale représente un point géométrique précis où nous pouvons peut-être épingler Mme Obel… Est-ce que nous nous rapprochons ?
“Je dois dire qu’en ce moment je ne vois pas réellement de ressemblance avec qui que ce soit. J’ai toujours pensé que j’étais, d’une façon ou d’une autre, apparentée à Roy Orbison, ou du moins à sa musique.”
Et pourquoi donc ?
“Quelque chose dans le caractère rêveur de tout ça et dans l’émotion transmise. Je suppose que j’admire tout simplement les artistes et les musiciens capables de créer leur propre univers avec leurs chansons et leurs mélodies, un monde sans pareil, universel et éternel, à partir de quelque chose de vraiment simple et d’intime. Alors, peut-être est-ce ce que j’essaie de créer quand je fais de la musique…”
120 boulevard Marguerite de Rochechouart, 75018 Paris
Métro Pigalle (ligne 12) & Métro Anvers (ligne 2)
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