ASA

  • mar. 7 oct. 2014

  • 16:48

Évènement terminé

Artiste

Asa

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34 €

Première partie

Organisateur

ALIAS

Jamais la voix d’Aşa n’a été aussi précise, aussi juste, aussi limpide émotionnellement.

 

Toute la grâce mélodique et tout l’envol tendre qu’on lui connaît depuis toujours, mais avec une précision plus troublante encore. Les chansons de Bed of Stone parlent de bien plus que des sentiments de Bukola Elemide, dite Aşa. Elles épousent nos mélancolies, nos rêveries, nos méditations, nos réflexions.

 

On a l’impression qu’elles étaient dans nos vies avant qu’Aşa les écrive et les chante. Et pourtant, elles sont nées de sa vie à elle, du choc ressenti quand, en 2012, elle termine une très longue tournée. « Il m’a fallu le temps de me remettre. J’avais tourné pendant deux ans, j’avais tout donné tous les soirs, j’avais été la fille pleine de force et d’énergie qu’on regarde sur scène pendant deux heures puis qu’on félicite backstage et qui rentre seule chez elle, tout ça sans me rendre compte à quel point c’était épuisant. » D’ailleurs, il n’y a pas eu que la tournée suivant l’album Beautiful Imperfection qui a dû l’épuiser. Avant, il y avait eu un premier album en 2007, certifié platine et couronné par le prix Constantin, des centaines de concerts et l’album Live in Paris – le parcours rêvé d’une révélation qui joue à saute-frontière et brouille les catégories classiques.

 

Car Aşa est une Nigériane née à Paris, devenue artiste à Lagos, nourrie de soul old school, signée par un label français – une des plus enthousiasmantes découvertes de la décennie. Tous les festivals réclament Aşa, toutes les playlists de bon goût la mettent aux places d’honneur. Un tourbillon, un bonheur, une folie.

Après sa dernière tournée, elle n’arrive pas à rester chez elle, se met à voyager tout en écrivant. Lagos, Berlin, les États-Unis, Londres, Paris… « Je voulais être humaine de nouveau. Avoir des contacts avec les gens, faire tout ce que j’avais voulu faire avant d’avoir trente ans. Apprendre à nager, louer une voiture pour aller de Nashville à New York puis de New York à Los Angeles, apprendre à faire du skate et à conduire une moto. »

 

Tout du long, elle écrit de nouvelles chansons. L’enregistrement a aussi été itinérant. Un premier producteur ne lui convient pas à Los Angeles. Puis elle part à Hastings, dans l’East Sussex, chez Blair MacKichan, musicien qui a cosigné des tubes de Olly Murs, Sia, Lily Allen et Paloma Faith. Presque tout l’album est prêt mais elle veut retrouver Benjamin Constant, qui avait déjà arrangé ses deux premiers albums studio. Partout, de nouveaux musiciens, de nouvelles émotions. « Être la vieille dame qui tombe de skate au milieu de gamins sur leurs planches, mettre les gaz à fond sur une moto pour la première fois de ma vie, je ne l’écris pas forcément dans mes chansons. Mais ça me sert, tout est là. »

 

Car il y a la vie d’Aşa dans ses chansons, mais pas seulement. Il y a la nôtre. Le vaste sujet de l’amour, l’élan spirituel, le besoin de faire la fête ou de partager une tasse de thé avec deux amis… Et Dead Again, le premier single, écrit en deux heures avec Blair, sur le coup d’une trahison d’un proche qui fait bouillir Aşa. Ou Love Found Me, chanson qui dit la fin de la quête de l’être aimé, écrit de manière prémonitoire peu avant que l’amour ne lui tombe dessus, pendant l’enregistrement de l’album. Ou Gratitude, hymne d’action de grâce qui dépasse toute appartenance religieuse et invite à se tourner vers le créateur. Ou Satan Be Gone, sur un rythme de parade New Orleans, qui dit tous les combats contre le Malin, l’alcool, la haine… Ou Eyo, écrit à Paris et qui reprend une mélodie de parade des masques à Lagos, là-bas où la rue sait sourire. Tout cela dit Aşa et tout le chemin qu’elle a parcouru.

 

« J’ai mûri », dit-elle. Bientôt trente-deux ans et la maîtrise de toute la palette – l’énergie, la faiblesse, la jubilation, l’abattement… Un sommet.